François Richaudeau reçoit la légion d'honneur

Discours de François Richaudeau


PARCOURS D’UN HUMANISTE FERU DE TYPOGRAPHIE ET DE LECTURE

En préparant cette causerie, une figure m’est apparue résumant mon itinéraire culturel : la boucle.
A son origine : il y a une cinquantaine d’années, un village perdu, où – jeune ingénieur- un ami m’avait emmené pour assister à un colloque sur la typographie organisé par les Rencontres Internationales de Lurs.
La typographie était présentée, non comme une technique isolée ; mais au sein d’une constellation d’autres activités : édition, arts plastiques et même philosophie...

Je découvrais et j’admirais un coin de la France qui m’était inconnu : la Haute Provence.
Et un univers de formes graphiques : des caractères d’imprimerie et des mises en page ; bien plus complexes et riches dans leurs dessins et dans leurs histoires que je ne me l’imaginais.
Avec néanmoins des questions sans réponse, sur leurs lectures.

Et en toute inconscience, je montais un laboratoire d’études des lisibilités en observant et mesurant les trajets oculaires, les compréhensions, les mémorisations et les vitesses de lecture de 60 cobayes : depuis l’agent technique jusqu’au lecteur prodige.
Et ce sont les résultats de ces observations qui ont été le point de départ et à la base de mes travaux sur la lecture et l’écriture. En contradiction parfois avec des croyances qui n’étaient que des préjugés sur les lisibilités typographiques et linguistiques et même en contradiction avec des règles pédagogiques universitaires « du bien écrit ».
Les résultats sur plusieurs dizaines d’années ont: donné dix ouvrages sur ces sujets, depuis « La méthode de lecture rapide»1 qui porte mon nom et qui est davantage une méthode de lecture efficace et moderne.
jusqu’à l’ouvrage, « Ce que révèlent leurs phrases » 2 qui comporte des analyses de linguistiques quantitatives sur les écrits de trente auteurs, de San-Antonio et Simenon jusqu’à…Proust et Descartes.
Les phrases les plus longues n’étant pas celles du romancier, mais celles du philosophe.
Et puis, des publications de périodiques, la revue Communication et Langages et le magazine Psychologie, des articles dans des revues internationales et de nombreuses conférences dans toute la France, mais aussi à l’étranger en Belgique, en Suisse, en Italie, en Allemagne, en République Tchèque, en Hongrie, en Tunisie, au Maroc, au Sénégal, au Canada (nombreuses) et aux USA notamment en Californie.
Un parcours culturel original, qui a séduit un bon nombre d’enseignants leur révélant les natures profondes de la lecture et de l’écriture. qui, intéressera l’Unesco laquelle me commandera un ouvrage sur les manuels scolaires, traduit en anglais et en espagnol.
Mais un parcours semé d’embûches avec des oppositions depuis celles de traditionalistes, jusqu’à celles d’intellectuels branchés, sans oublier les psychologues cognitivistes pointus.
Et je n’ai pu parvenir au but que grâce à de nombreux soutiens dont je veux remercier ici leurs auteurs :
- Les collaborateurs des Éditions Retz, que j’ai créées qui ont publié mes ouvrages sur ces sujets, avec des efforts originaux de diffusion et de promotion.
- Les nombreux soutiens : d’universitaires, de chercheurs en pédagogie, d’enseignants, de typographes, d’artistes graphiques, de managers et d’érudits. Jusqu’à ceux de simples amis éclairés.
- De nos jours ces relations sont toujours vivaces en particulier dans notre région au sein d’un réseau culturel, depuis Sisteron, dont la Bibliothèque pédagogique porte mon nom, jusqu’à Toulon avec notamment la publication d’une mini revue de « la Gazette de Lurs ».
Merci aux responsables politiques de la région qui ont accompagné avec bienveillance toutes mes activités.
Merci aussi à ma famille, dont plusieurs membres sont ici présents, à mes petits enfants venus de Paris et d’Espagne, à mes trois filles et leurs époux et surtout à mon épouse qui m’a toujours soutenu dans des moments difficiles et m’assiste encore dans mes activités d’auteur. Un demi-siècle de tendresse et d’amour.
Et la boucle, que j’évoquais au début de cette causerie, se referme 50 ans plus tard, dans ce même village de Lurs, mais avec une nouvelle génération de chercheurs et d’amis.
Et, en votre compagnie à tous ici présents à qui je dis merci.

François Richaudeau, Lurs le 23 février 2007

Aucun commentaire: